Incipit
J’ai horreur du poisson. J’ai toujours eu horreur de poisson. Même le mot me torture et me heurte. lui enlève le S pour qu’il devienne poison ! Devenir à mon tour son bourreau ! Je jubile de cette petite farce qui le condamne .. mais, à part cette vengeance qui me procure une faible satisfaction, j’ai du mal à oublier ce diner et ce poisson poison qui m’a tellement humiliée ! je rumine et ne cesse d’y penser. Ce poisson, quel sale tour il m’a joué ! Je me souviens encore.. ce fameux diner, où nous étions tous réunis,. Nous étions tellement heureux, excité à l’idée de nous raconter nos joies, nos peines, nos traversées enchantées. Moi la première, j’attendais ce soir où je les reverrais tous. Combien de temps s’était passé depuis que nous nous étions tous perdus de vue ? 10 ans je crois. Je n’avais pas d’enfants, pas encore, mais je n’y pensais pas. Et eux ? A quoi rêvaient-ils ? ? Je voulais tous les serrer ds mes bras et leur dire qu’ils m’avaient manqué !
Ce soir, le 18 décembre arrive enfin. Je suis sur le palier, je les entends., je sonne, la porte s’ouvre…Isabelle me sourit, et m’entraine vers le salon..
Sur le canapé ils sont en train de s’animer. .. Les verres pétillent, timidement nous fait à nouveau connaissance. C’est doux, c’est réconfortant, je me sens bien. Pourtant, une sourde inquiétude m’empêche d’être t tout à fait sereine… une odeur … c’est étrange, à peine ressentie, comme un souvenir qui vient vous effleurer… une impression de déjà vu. Je n’entends déjà plus ce qu’Olivier est en train de me raconter… ses vacances passées en aout en compagnie de sa femme et de ses deux enfants… Ses enfants ? comment s’appellent-ils ? Mais je n’entends pas, les sons deviennent sourds, je me liquéfie, je sens bien que je me transforme, cette odeur devient de plus en plus oppressante. Je dois partir, vite, sortir, prendre l’escalier de secours, ne pas dire au revoir, Anna, apporte un plat « ‘je vous ai préparé du poisson » ! Sauvez moi, je me noie, je m’évanouie, …une lame m’emporte, et je vascille.